Bruxelles, le 27 octobre 2023

Le 7 juin 2023, la Commission européenne a publié une communication sur une approche globale de la santé mentale. La Commission a souligné le fait inquiétant que « la santé mentale de nos jeunes générations se dégrade ».

Les jeunes générations ne peuvent pas être considérées comme un groupe isolé de personnes, mais bien comme faisant partie d’un réseau plus large de familles et de communautés. Il est donc extrêmement important que l’UE sensibilise à l’importance du soutien familial dans la promotion de la santé mentale. L’UE devrait encourager les États membres à donner la priorité aux politiques favorables à la famille qui reconnaissent le rôle central de la famille dans la création d’un espace véritablement sûr et protecteur pour les enfants et les jeunes.

Notre Fédération rappelle que les familles sont au premier plan des difficultés liées à la santé mentale. Les parents sont les principaux responsables de l’éducation et du bien-être de leurs enfants : la famille devient donc le principal atout sociétal pour prévenir et guérir les problèmes de santé mentale.

Rappelant les principes de subsidiarité et de proportionnalité, tels qu’ils sont énoncés à l’article 5, paragraphe 3, du traité sur l’Union européenne (TUE) et dans le protocole (n° 2) ;

Rappelant la résolution du Parlement européen du 5 juillet 2022 sur la santé mentale dans le monde numérique du travail (2021/2098(INI)), qui reconnaît que « la combinaison du télétravail et de la garde d’enfants, en particulier pour les enfants ayant des besoins particuliers, pourrait constituer une menace pour la vie familiale et le bien-être des parents et des enfants » ;

Rappelant la résolution du Parlement européen du 17 février 2022 sur l’autonomisation de la jeune génération européenne : emploi post-pandémique et relance sociale, qui souligne que « les enfants qui grandissent avec peu de ressources et dans des situations familiales précaires sont plus susceptibles de connaître la pauvreté et l’exclusion sociale, ce qui a des répercussions considérables sur leur développement et leur vie d’adulte ultérieure, et n’ont pas accès à des compétences adéquates et ont des options d’emploi limitées, ce qui propage un cercle vicieux de pauvreté intergénérationnelle ; »

Rappelant la résolution du Parlement européen du 21 janvier 2021 contenant des recommandations à la Commission sur le droit à la déconnexion (2019/2181(INL)), qui souligne les avantages du télétravail pour faciliter la gestion des obligations personnelles et familiales, créant ainsi un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ainsi que les risques et la nécessité d’un droit effectif à la déconnexion ;

Rappelant les conclusions du Conseil sur la santé mentale et le travail précaire approuvées le 9 octobre 2023, qui invitent tous les États membres à respecter l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et à « encourager les politiques visant à concilier vie professionnelle, vie personnelle et vie familiale, afin de favoriser une meilleure protection de la santé mentale » ;

Rappelant la recommandation du Conseil établissant une garantie européenne pour l’enfant, qui souligne que « la pauvreté de revenu et d’autres déterminants sociaux affectent de manière significative le développement global et la santé, y compris la santé mentale, des enfants et augmentent le risque de mauvaise santé au cours des années ultérieures ».

Rappelant la stratégie de la Commission européenne « Une décade digitale pour les enfants et la jeunesse : la nouvelle stratégie européenne pour un meilleur internet pour les enfants (BIK+) » COM/2022/212 final, qui rappelle que les obligations découlant de la directive révisée sur les services de médias audiovisuels (AVMSD) visant à protéger les mineurs contre les contenus préjudiciables susceptibles de nuire à leur développement physique, mental et moral et les contenus illégaux s’étendent désormais aux plateformes de partage de vidéos, ainsi que la loi sur les services numériques obligeant les très grandes plateformes en ligne à examiner comment les enfants peuvent être exposés à des contenus susceptibles de nuire à leur santé physique et mentale, et à leur développement moral ;

Rappelant la stratégie de l’UE en matière de soins, qui met en évidence les faiblesses structurelles des soins de santé mentale à la suite de la pandémie, et la nécessité d’un congé familial rémunéré complet et d’aménagements flexibles du temps de travail, en particulier pour les aidants informels, à la lumière de la proposition de la Conférence sur l’avenir de l’Europe relative à la transition démographique, qui préconise des soins de longue durée de qualité, accessibles et d’un coût abordable. Cela contribuera à répondre aux besoins des bénéficiaires de soins et des soignants, de sorte que les mères et les pères puissent concilier en toute confiance leur travail et leur vie de famille ;

Rappelant la résolution du Conseil d’administration du printemps 2023 de la FAFCE sur  » la crise de la solitude à l’heure de la transition digitale : les réseaux familiaux comme agents de changement « , qui appelle à  » reconnaître le rôle des réseaux familiaux et des associations en tant que partenaires, aux côtés des protagonistes des soins informels et des écoles, dans la construction d’une stratégie européenne en matière de santé mentale « .

Se félicitant de l’attention portée par la Commission européenne à la santé mentale dans l’Union européenne, appelant à accorder plus d’attention au soutien de la famille et des associations familiales dans la promotion de la santé mentale, et encourageant les États membres à donner la priorité aux politiques favorables à la famille qui reconnaissent que les familles procurent aux individus un sentiment de sécurité, d’amour et d’appartenance, essentiel à une bonne santé mentale ;

Considérant que les enfants et les jeunes qui vivent dans un environnement familial protecteur sont plus susceptibles de conserver une bonne santé mentale, étant donné que la santé mentale des parents d’une famille a généralement un impact sur la santé mentale de leurs enfants ;

Notre Fédération invite résolument les institutions de l’UE et tous les États membres de l’UE à prendre des mesures concrètes en matière de politique familiale :

  1. Développer une approche de la santé mentale centrée sur l’être humain, en mettant l’accent sur la dignité humaine de chaque enfant, de chaque jeune et de leur famille, en reconnaissant le rôle des familles et des soins informels, notamment dans l’accès des enfants et des jeunes à une prévention adéquate et efficace des problèmes de santé mentale ; souligner le rôle et la responsabilité primordiaux des parents dans l’éducation de leurs enfants, ainsi que dans la prévention, l’alerte précoce des problèmes de santé mentale et la prise en charge des enfants souffrant de troubles de la santé mentale ;
  2. Promouvoir une culture de la vie, de la solidarité et de la communauté, qui peut aider les jeunes à avoir confiance en l’avenir, tout en faisant face aux obstacles économiques, sociaux et culturels ; reconnaître également le rôle de la société civile, en particulier des familles, des réseaux familiaux et des associations, tant sur le plan financier qu’en ce qui concerne les moyens nécessaires pour prévenir et guérir les problèmes de santé mentale ; mettre l’accent sur la prévention primaire et l’entretien des relations, le développement des compétences familiales en matière de communication et le renforcement des capacités d’empathie et de coexistence intergénérationnelle, en particulier par l’éducation et la formation dispensées par les centres familiaux, comme l’ont démontré de nombreuses recherches montrant que cette pratique réduit le taux de divorce et qu’elle a un impact positif sur le bien-être psychologique des enfants ;
  3. Reconnaître le travail et le soutien précieux des grands-parents dans le bien-être quotidien des enfants et des jeunes, en assumant des responsabilités de soins et en transmettant l’espoir et l’expérience de la vie aux jeunes générations ; promouvoir par conséquent une culture de solidarité intergénérationnelle et de protection de nos aînés en tant qu’atouts essentiels dans la lutte pour la santé mentale des enfants ;
  4. Entreprendre une analyse approfondie des causes de la détresse des jeunes générations en matière de santé mentale, en tenant compte de l’impact de la numérisation et des changements démographiques, des comportements de dépendance numérique, de la cyberviolence, des abus sexuels, de la promotion de concepts flous concernant ce que l’on appelle « l’autodétermination des sexes », de l’absence d’équilibre entre le travail et la famille, du chômage des jeunes, de l’instabilité des relations familiales et de l’absence d’engagement des membres de la famille ;
  5. Promouvoir l’élaboration de plans d’action nationaux (PAN) pour soutenir les familles, les réseaux et associations de familles et les écoles en première ligne des initiatives de prévention de la dépression et du suicide, avec une formation sur la détection et la prévention ainsi qu’un soutien aux personnes ayant perdu quelqu’un par suicide ; inclure les associations de parents et de familles dans l’élaboration de ces politiques ;
  6. Reconnaître les dépendances digitales comme une source potentielle de troubles de la santé mentale chez les enfants et les adolescents ; établir et mettre en œuvre des politiques ciblées pour lutter contre l’impact spécifique des dépendances digitales, de l’abus de drogues et de la toxicomanie ;
  7. Prendre des mesures législatives contre la surexualisation des contenus en ligne et dans la publicité, en particulier ceux représentant des enfants ; coordonner les États membres de l’UE pour collecter toutes les données concernant les tendances en matière de production et de consommation de pornographie par les mineurs et les adultes, et lancer une étude d’impact sur la contribution de la pornographie en ligne à la création de stéréotypes nuisibles, de comportements criminels et de troubles de la santé mentale ; entamer des discussions sur la mise en œuvre d’une interdiction à l’échelle de l’UE de l’accès des enfants à la pornographie en ligne ;
  8. Prendre en considération l’impact du bien-être des mères et des femmes enceintes sur la santé mentale de leurs enfants, même avant la naissance, et attirer l’attention sur un soutien particulier dans les actions entreprises ;
  9. Considérer le rôle des activités sportives et musicales, en particulier collectives, et la participation des enfants comme une mesure préventive, et aider les familles en difficulté à faire participer les enfants par le biais de programmes scolaires, communautaires ou d’associations familiales ;
  10. Établir le dimanche comme jour de repos hebdomadaire commun, favorisant ainsi la cohésion familiale et sociale.